Challenges le 25 juin 2010
Voici un florilège des déclarations des parties au cours du procès Kerviel, qui se tient devant la 11e chambre du tribunal correctionnel de Paris depuis le 8 juin et jusqu'au 25. Jeudi 10 juin "Notez que tout est préparé." "C'est vrai qu'il a un chauffeur." "Je n'ai pas forcément demandé d'être là." Vendredi 11 juin "Si le parquet ne considère pas que c'est une subornation de témoins, alors je ne sais pas ce qu'est une subornation de témoins." "Je trouve extraordinaire qu'à la Société Générale, on ne fasse pas circuler de circulaires sur les limites de risques, mais des circulaires sur les risques judiciaires." "C'est comme si quelqu'un avait eu à acheter 10 tonnes de fraises et était revenu avec 100 tonnes de patates." "C'est une grande injustice que Jérôme Kerviel soit ici seul." "Bien, nous venons de faire un grand pas en avant!" Lundi 14 juin "Je comprends que le parquet ait la même vision que la partie civile puisqu'ils ont les mêmes lunettes." "Pour ma part, je ne fais pas de faux." "La position de témoin devant un tribunal correctionnel est la position la plus désagréable qui soit." "Est-ce qu'il y a une tête à gagner 1,4 milliard?" "On ne joue pas, on travaille." "On va vous embaucher, Me Metzner." "Se couvrir comment? En appelant Warren Buffett et en lui demandant s'il ne peut pas nous prêter 50 milliards?" "Il suffit d'oublier un chiant... euh... un champ." "On est dans une banque où quand vous allez chercher une carte bancaire, il faut 10 signatures et quand vous placez 30 milliards d'euros au bilan, il suffit d'une seule!" "On n'est pas dans un pays de bisounours!" "Vous plaidez l'imbécilité?" "De la Société Générale, oui." Mardi 15 juin Mercredi 16 juin "Le tribunal n'a pas à juger des faiblesses de la Société Générale mais des infractions de Jérôme Kerviel." "Si ça ne tient pas la route, alors pourquoi le faire?". "Toujours pour les apparences". "Ah, ces fameuses apparences! Enfin, ce sont des apparences qui vous transforment en faussaire". "J'ai fait des spec dans Eliot pour flager le produit en out". "Alors, en français, ça donne quoi?" Dominique Pauthe interrogeant encore Jérôme Kerviel. "On a parfois l'impression qu'il y a cinq procureurs dans la salle, ce qui fait beaucoup, on en conviendra." "De cette façon là, Kerviel a permis à la banque de faire des progrès." "Vous n'en avez jamais entendu parler? Votre formation est à revoir !" "Les escrocs sont dangereux dans la société comme des lions le seraient en Normandie." "Le préjudice est évident, le faux a permis à JK... euh pardon, Jérôme Kerviel..." "Les traders sont des jeunes, parce que c'est un métier jeune. On n'imagine pas mettre Olivier Metzner et moi derrière un clavier!" "Ker, ça veut dire château. Le château de Jérôme Kerviel est plus cadenassé que le coffre fort de la Société Générale." "La Société Générale est une société sans général." Jeudi 24 juin "Je suis plutôt manuel qu'intellectuel." "Jérôme Kerviel s'est comporté en véritable propriétaire des fonds de la banque." "C'est un menteur, un tricheur et un manipulateur (...) au génie dévastateur." "Cette affaire a entraîné un traumatisme planétaire." "Il en va de l'ordre public, économique et financier." Vendredi 25 juin "Pour moi, le mystère, s'il en est un, est un mystère Société Générale." "L'élève a dépassé le maître." "Puisque nous sommes à l'audience des rêves, si le 18 janvier, et j'en rêve, avait été haussier, la Société Générale aurait gagné de l'argent grâce à Jérôme Kerviel et nous ne serions pas là." "Jérôme Kerviel n'est que la créature de la Société Générale. Maintenant, elle l'a peut-être mal fabriqué. Il a peut-être trop désobéi. Il s'est peut-être trop laissé entraîner dans un monde virtuel." Le procès de l'ancien trader de la Société Générale se tient à Paris depuis le 8 juin et jusqu'au 25. Florilège de déclarations.
Mardi 8 juin
"Quand on s'adresse à vous, évitez de boire à la bouteille s'il vous plait".
Dominique Pauthe à Jérôme Kerviel visiblement peu au fait des pratiques dans les prétoires.
"On dit que vous avez refusé de prendre des vacances parce qu'à l'époque, vous étiez en deuil. Était-ce la réalité ou était-ce parce que vous ne vouliez pas qu'un collègue reprenne votre book ?" "Je trouve votre remarque particulièrement odieuse".
Echange entre Me Veil et Jérôme Kerviel sur le fait que l'ex-trader ne prenait pas de vacances à l'époque.
"Certains ont émis l'idée que vous étiez un génie. Est-ce que vous le pensez ?" "Absolument pas".
Première question de Me Olivier Metzner à son client Jérôme Kerviel.
"C'était d'une violence inouie. On ne comprenait pas comment c'était possible. C'est comme une mère de famille qui découvre une enveloppe de 80.000 euros dans la chambre de son fils."
Claire Dumas à propos des découvertes faites par la task-force chargée de remonter aux origines des positions de l'ex-trader.
"Si le dossier est trop gros pour les avocats de la partie civile, qu'ils en prennent de plus petits !"
Me Metzner ironise sur la réaction de la partie adverse concernant la taille des dossiers de l'affaire après qu'il a dévoilé un scellé.
Mercredi 9 juin
"Ce n'est pas parce que vous ne comprenez pas la question qu'elle n'est pas claire!"
Me Metzner répond à Me Veil qui l'avait interrompu estimant que sa question au premier témoin Jean-François Lepetit n'était pas claire.
"Vous êtes présentable mais pas représentable."
Me Veil à l'intention de Me Metzner arrivé avec quelques minutes de retard à la reprise de l'audience en expliquant qu'il était dans tous les cas représenté.
"Vous êtes ignobles."
Jérôme Kerviel insulte Me Veil après que celui-ci lui a posé des questions sur la situation financière de son frère.
"Ce n'est pas un Robin des bois. C'est le trader qui perdu le plus d'argent au monde."
Jean-Pierre Mustier, qui décrit ainsi Jérôme Kerviel.
Me Metzner, alors que la salle aperçoit un document Word sur le bureau de l'ordinateur des avocats de la Société Générale, intitulé "Questions aux témoins".
Les avocats de la Société Générale à propos de Me Metzner qui, reprenant une métaphore sur les limitations de vitesse et les radars, s'étonne que le conducteur soit dans ce cas également policier.
Salim Némouchi à Dominique Pauthe qui lui demande quel témoignage il peut apporter.
Me Metzner, à propos d'une circulaire de la Société Générale, dans laquelle sont écrites quelques consignes à destination des salariés interrogés par les enquêteurs.
Me Metzner, sur le même sujet.
Benoit Taillieu, questionné sur le fait que Jérôme Kerviel ait outrepassé son mandat et que sa hiérarchie ne s'en soit pas rendue compte.
Le même Benoit Taillieu.
Dominique Pauthe, après qu'un actionnaire a demandé à Jérôme Kerviel s'il n'a jamais été confronté aux impayés de Madame Michu, s'il a déjà vu des traders prendre de la coke et s'il n'a pas l'impression d'avoir joué à la Game Boy.
Me Metzner, à propos de Me Veil qui a oublié sa monture sur le bureau de Jean-Michel Aldebert.
Me Veil au témoin Valérie Rolland qui dit qu'elle suppose que le document qu'il lui présente est un document officiel.
Dominique Pauthe à Valérie Rolland, qui a écrasé quelques larmes.
Me Richard au témoin Christophe Mianné.
Christophe Mianné, interrogé par Me Metzner sur la manière dont la Société Générale peut gagner de l'argent sans spéculer sur la hausse ou la baisse des marchés.
Le même Christophe Mianné à Me Metzner qui se dit surpris que la Société Générale ait mis 48 heures à connaître les positions de Jérôme Kerviel.
Toujours Christophe Mianné à Me Metzner qui fait valoir qu'ils auraient pu se couvrir au mlieu de déboucler les positions du trader en urgence.
Jérôme Kerviel à propos de copier-coller de tableaux Excel dans la base Eliot.
Jérôme Kerviel répondant aux questions de Me Martineau.
Toujours Jérôme Kerviel répondant aux questions de Me Martineau.
Passe d'armes entre Me Veil et Me Metzner à propos des (non) limites fixées aux traders.
"On compare des choux et des carottes."
Jérôme Kerviel à Dominique Pauthe alors qu'est projeté un tableau montrant l'évolution de sa trésorerie.
"Une petite transaction... une cinquantaine de milliers d'euros... soit un an de salaire."
Taoufik Zizi à propos de son indemnité touchée à son départ de la Société Générale.
"LOL"
Me Veil à Moussa Bakir, à qui il a demandé comment il a obtenu le paiement de son bonus. Remarque en référence aux mails et SMS échangés entre le prévenu et le témoin.
"Jérôme Kerviel semble avoir un pouvoir de persuasion supérieur à la moyenne des avocats."
Me Reinhart après que Moussa Bakir a assuré avoir cru en Mat de "bout en bout".
"Les caméras passent avant le tribunal."
Me Veil en réaction à l'absence de Me Metzner alors que la séance reprend.
"Je suis témoin ou prévenu?"
Vincent Duclos, ancien déontologue à la Société Générale, après que Me Metzner lui a déclaré que s'il avait fait "son boulot, on n'en serait pas là".
Me Veil à propos d'une demande de la défense d'obtenir une copie des disques durs et de la messagerie des supérieurs hiérarchiques de Jérôme Kerviel.
Dominique Pauthe interrogeant Jérôme Kerviel sur ses opérations fictives.
Me Richard, commençant à interroger Jérôme Kerviel.
Jean-Laurent Moisson qui témoigne de sa mission de contrôle au sein de la banque après l'affaire Kerviel.
Dominique Pauthe étonné des réponses d'Alain Declerck sur les "echupos".
Jeudi 17 juin
"Mon client est poursuivi pour avoir introduit des informations frauduleuses, mais si elles sont techniques, il n'y a pas de délit..."
Me Metzner soulève une question de sémantique après l'utilisation du terme fictif par le témoin Marine Auclair, lors de sa déposition devant la police en 2008, alors qu'elle défend désormais l'idée d'opérations techniques.
"Ils sont tous coupables!"
Catherine Lubochinsky, professeure de finance et témoin cité par la défense, répondant à une question du président du tribunal.
"Est-ce que votre témoignage est davantage Corneille ou Racine?" - "Je ne savais pas qu'on allait faire de la littérature!"
Echange entre Catherine Lubochinsky et Me Veil qui tente de comprendre si son témoignage relève de l'idéal ou du réel.
"Tu connais mieux les chiffres que les lettres". "Apparemment, pour toi, l'audience aussi est un jeu".
Me Veil envoie deux piques à l'encontre de Me Metzner, après un échange sur le scrabble en fin de séance.
Lundi 21 juin
"Jérôme Kerviel n'était pas quelqu'un d'expansif. Il parlait vite et pas très fort".
"Il a toujours trouvé des explications convaincantes. Il mentait du début à la fin et c'était crédible".
"Je me souviens de Jérôme se bagarrant pour 1.000 euros avec un client"
"Il a détruit ma vie personnelle en partie, et professionnelle très certainement"
Eric Cordelle, le manager de Delta One au sujet du comportement de Jérôme Kerviel.
"Un trader ne peut pas partir avec la caisse. Il n'y a pas de culture de la fraude. Ce n'est pas dans l'état d'esprit des gens".
Eric Cordelle au sujet du métier de trader.
"J'ai appris que vous ne lisiez pas les pièces jointes, j'ai appris que vous ne lisiez pas les mails. Qu'est-ce que vous faisiez en tant que manager de Delta One?"
"Est-ce que vous aviez l'impression d'avoir été mis dans une cage à lions?" - "Rétrospectivement oui. Je me retrouve coincé".
Me Metzner interrogeant Eric Cordelle.
"Des années de travail ont été détruites. Des années de collaboration ont été anéanties. Je considère cette fraude comme une grande blessure. Nous n'avions absolument pas l'idée qu'une telle fraude puisse arriver. Nous n'avons jamais été sensibilisé à ce risque de fraude".
Martial Rouyère, le n+2 de Jérôme Kerviel.
"J'ai envoyé le SMS en bas de la tour [de la Société Générale]. C'était une expression que l'on utilise après une mauvaise journée. C'est con!"
Jérôme Kerviel au sujet du SMS envoyé à Martial Rouyère le samedi 19 janvier 2008 dans lequel il écrit : "j'hésite à me mettre sous un train".
"C'est de la mythomanie!"
"C'est un mensonge éhonté. Je ne savais pas. Personne n'était au courant".
Martial Rouyère, au sujet des propos tenus par Jérôme Kerviel dans son livre indiquant que son n+2 était au courant de ses positions.
"Qu'est-ce qu'on lit à la Société Générale? De qui se moque-t-on ?"
"Tout le monde fait son travail à la Société Générale? C'est pour cela que le n+1, le n+2, le n+3... démissionnent ou sont licenciés. Tout est normal?"
Me Kerviel au sujet du fonctionnement de la hiérarchie de Jérôme Kerviel à la Société Générale.
"Faire gagner de l'argent à la banque pour un trader, c'est prendre des risques en toute transparence, en ayant conscience des limites, de l'éthique, de la déontologie".
Philippe Baboulin, n+3 de Jérôme Kerviel.
Mardi 22 juin
"Moi je dors bien parce que j'ai des limites, je fais les choses en transparence avec ma hiérarchie, je respecte mon mandat".
Maxime Kahn, responsable du département trading en Europe, répondant à Me Richard sur le rythme de vie d'un trader.
"Vous mélangez les choux et les carottes".
Réponse de Maxime Kahn à Me Metzner qui tente de l'accrocher sur le plafond des risques acceptés par la banque.
"Votre décision est la bonne. Je suis heureux de venir témoigner".
Daniel Bouton, ancien P-DG de la Société Générale au Président Pauthe.
"Ce n'est pas le métier d'une banque que de jouer son destin sur les hausses et les baisses en Bourse. Il suppose un minimum de confiance. Avec 50 milliards à la hausse ou à la baisse, vous ne pouvez plus avoir confiance en la banque".
Daniel Bouton au sujet des positions prises par Jérôme Kerviel.
"Je ne le connaissais pas, je n'ai pas eu envie de le connaître pendant l'enquête, et je ne veux pas le connaître".
Daniel Bouton au sujet de Jérôme Kerviel.
"Vous êtes le meilleur communicant et le meilleur défenseur de la Société Générale".
Me Richard à propos de Daniel Bouton.
"-Vous avez évoqué le mot de génie puis de débile. - Le génie de la dissimulation et du mensonge. Débile, c'est le montant des positions prises".
Echange entre Me Metzner et Daniel Bouton au sujet de Jérôme Kerviel.
"Oui, j'ai conscience d'être allé trop loin".
"Tout se sait, tout se voit, tout s'entend".
Jérôme Kerviel à propos de ses positions.
"Est-ce que vous n'avez pas d'autres choses à dire? C'est la dernière perche que je vous tend. On sait tout sur vous ? - Je pense, oui".
Dernier échange entre le Président Pauthe et Jérôme Kerviel.
"Je n'ai jamais eu la prétention d'être un trader star. Mon objectif n'était pas de gagner des bonus plus importants. Ce n'était pas ma motivation. Un salarié qui veut faire gagner de l'argent à sa société, c'est suspect".
Réponse de Jérôme Kerviel à Me Richard.
Mercredi 23 juin
"Le grain de sable commence à se refermer."
Me Reinhart expliquant que le système frauduleux de Jérôme Kerviel s'est enraillé.
Me Martineau qui cite Balzac pour commencer sa plaidoirie.
Toujours Me Martineau lisant ses notes devant le tribunal.
Me Veil qui remercie les témoins d'être venus à la barre.
Me Richard, s'adressant au tribunal lors de sa plaidoirie.
Me Veil, tentant de résoudre un problème de micro.
Jean-Michel Aldebert en plein réquisitoire.
Jean-Michel Aldebert encore en plein réquisitoire.
Jean-Michel Aldebert toujours en plein réquisitoire.
Me Huc-Morel, qui plaide.
Me Metzner, qui plaide.
Encore Me Metzner dans une allusion au rêve de Daniel Bouton sur Jérôme Kerviel qui reconnaitrait avoir menti.
Me Metzner en fin de plaidoirie.