Morte en Vélib' : sursis pour le chauffeur de bus

En 2008, cet accident avait mis en lumière le manque de signalisation pour les cyclistes dans la capitale.

«Pendant sept ans, il n'y a pas eu de signalisation claire dans les couloirs de bus interdits aux cyclistes. C'était inévitable qu'il y ait un jour un accident. C'est tombé sur lui, comme cela aurait pu tomber sur n'importe qui d'autre», fait valoir son avocat. Louis-Henri Ouvier, un chauffeur de bus de la RATP de 39 ans, a été condamné mardi par le tribunal correctionnel de Paris à six mois de prison avec sursis pour avoir écrasé il y a quatre ans une femme qui circulait en Vélib' dans le Xe arrondissement. Le seul accident mortel à ce jour impliquant un bus et un Vélib' depuis la mise en place de ce dispositif dans la capitale en 2007.

Le 2 mai 2008 en fin de journée, le chauffeur, au volant du bus de la ligne 43 qui relie Neuilly-Bagatelle à la Gare du Nord, avait dépassé une femme qui circulait en Vélib' sur une voie réservée aux bus. Il avait commencé son dépassement sur la place Franz-Liszt puis l'avait terminé dans un couloir de 3 mètres de large, un peu plus loin sur la rue Lafayette, alors que son bus, lui, mesurait déjà 2,70 m. La voie étant trop étroite, il avait heurté l'extrémité gauche du guidon du Vélib'. Tombée sous les roues du bus, la cycliste, Françoise Couvert, une violoniste de 35 ans, était morte sur le coup.

«Le tribunal a reconnu mon client coupable d'homicide involontaire par manquement à l'obligation de prudence. Il est un peu ému. Mais c'est une décision qui me semble adaptée à la situation et qu'il accepte», a réagi son avocat, Me Sylvain Dreyfus. Avant d'ajouter: «À l'époque, rien n'indiquait clairement que ce couloir était interdit aux cyclistes. Dans cette affaire, il y a également indirectement une responsabilité de la RATP, de la Ville de Paris et de la Préfecture de police.»

Un sentiment partagé par l'entourage de la victime. «Évidemment, six mois avec sursis, cela peut sembler peu. Mais mes clients ne sont pas dans la revanche mais plutôt dans une démarche pédagogique. Ils espèrent que ce procès permettra de sauver des vies», explique au Figarol'avocat de la partie civile, Me Daniel Richard.

Depuis cet accident, des aménagements ont effectivement été réalisés dans la capitale. La voie de bus où s'est déroulé l'accident a été supprimée au profit d'une vaste piste cyclable. Et les grandes artères parisiennes interdites aux cyclistes sont désormais équipées d'une signalétique claire: des dessins au sol de vélos barrés tous les vingt mètres.

Dans cette affaire, le chauffeur a également été condamné à verser, solidairement avec la RATP, 100.000 euros de dommages et intérêts à la famille de la victime. Une somme qui devrait, selon son avocat, être entièrement prise en charge par son employeur. L'homme, qui travaille toujours à la RATP mais au service communication, va en outre récupérer son permis voiture et son permis poids lourd. Mais son avocat est formel: «Il ne veut plus jamais conduire de bus de sa vie.»

Le Figaro le 1er Février 2012

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